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BIANCONI SCUPERTA le blog
17 décembre 2009

BIANCONI SCUPERTA : inauguration de l'antenne de Bastia/nord-est de DAVID CASANOVA vu par ARRITTI

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Bianconi Scuperta Nouveau concept d’un tourisme tourné vers le territoire

 

Historien de formation, guide aujourd’hui, Olivier Bianconi voulait rester en Corse pour y vivre de son histoire, sa culture, son patrimoine. Il a créé un nouveau concept pour sortir des clichés « soleil et plage » et faire entrer le visiteur dans la Corse intérieure…Un tourisme »intelligent » qui démontre les énormes potentialité de nos pievi et villages. L’entreprise fait vivre une demie douzaine de personnes et envisage d’autres embauches au service de cette nouvelle façon d’appréhender le touriste et de l’amener à la découverte de la Corse, et de ses réalités, de son âme profonde. Un concept intéressant qui a de belles perspectives d’avenir. Nous avons rencontré Olivier Bianconi en compagnie de David Casanova, de l’entreprise « Memoria », qui vit la même passion dans sa région du Rustinu. Tous deux travaillent en collaboration et répondent aux questions d’Arritti.

 

 

Comment l’idée de créer « Bianconi Scuperta » vous est venue ?

Olivier Bianconi : Je travaillais comme pigiste pour des radios. Il fallait que je me réoriente et comme je voulais rester en Balagne à laquelle je suis très attaché : j’ai donc réfléchi à l’entreprise que j’ai créée en 2005. Mes voyage m’ont permis de voir que dans pas mal de pays, il y avait une sorte de service improvisé de « taxi-boy » où un taxi, souvent « au black », vous propose de vous faire voir le pays. Un concept intéressant mais complètement anarchique, et « au petit bonheur la chance » selon sur qui vous tombez. J’ai voulu réadapter cette formule à la journée, de façon mieux encadrée mais toujours avec le même rapport de convivialité.

 

Expliquez-nous le concept…

 

Les équipes se regroupent durant la période hivernale pour travailler sur différentes thématiques ayant trait à l’histoire de Corse et à sa société. La diffusion des informations recueillies donnent lieu ensuite à des « excursions » durant l’été. Ces « sorties-découvertes » sont proposées quotidiennement sur une période de 7 à 8 mois, de mars à novembre, en petit comité. Une dizaine de personnes au maximum, menées par un guide local. Je le souligne parce que dans la mesure où on aborde ce type de sujet, il est important d’avoir des gens « du pays » qui le vivent au quotidien, avec ses joies, ses peines, ses avantages et ses inconvénients. Ce n’est donc pas seulement d’être « figé », avec une vision muséologique à travers une histoire, un patrimoine et des traditions, mais c’est d’appréhender aussi la période contemporaine avec un regard tourné vers l’avenir et les aspirations d’une population.

 

Comment choisissez vous les thèmes abordés ?

Les sorties se font à travers la découverte de l’arrière-pays, en essayant de privilégier les populations, de manière organisée, mais aussi spontanée. D’où l’intérêt d’avoir des guides issus des régions concernées qui favorise le contact et les échanges. Les thématiques sont multiples. On va aborder la période du moyen-âge et de la féodalité, puis, en fin de journée, on pourra faire des parallèles avec ce que la féodalité va enfanter, comme le clanisme contemporain par exemple etc. Nous sommes des « militants » de l’arrière-pays et de sa valorisation, défenseur d’un tourisme raisonné qui permette de faire vivre aussi bien le littoral que l’intérieur. La formule que nous proposons permet aussi le prolongement de la saison, c’est une nouvelle façon de faire du tourisme.

 

Comment fonctionnez-vous ?

La collaboration se fait sous forme de « franchise ». Un cadre général donne les grandes lignes et définit le concept d’un commun accord avec un cahier des charges. Ensuite les « directeurs d’antennes », ce qu’est David Casanova par exemple dans le Rustinu, sont autonomes et ont une marge de manœuvre. On réfléchit ensemble en amont aux thèmes qui vont être abordés, à la manière dont ils vont l’être, quelles sont les limites que l’on se donne, parce qu’il ne faut pas non plus entrer dans un débat politique qui desservirait notre cause.

 

David Casanova : Cela dépend des territoires, mais aussi du public touché, plus ou moins demandeurs d’informations plus précises. Il y a des gens qui immédiatement nous interrogent sur le contexte et le « problème corse ». Dans ce cas ,bien sûr, on explique qu’il y a une revendication et on peut même engager un débat. Mais nous n’abordons pas ces questions d’emblée. Le but est de susciter l’intérêt du visiteur sur l’histoire, la situation, les besoins et les aspirations de cette terre. Il n’y a pas de tabou. On est loin des préjugés reçus concernant l’omerta ! D’ailleurs les gens sont également surpris de pouvoir approcher la réalité de la Corse aussi ouvertement. Et mieux encore, de voir des personnes du village participer à ces débats !

 

Olivier Bianconi : des débats qui ne sont pas seulement liés à l’identité, ça peut être l’économie, l’agriculture, ou encore le banditisme, la voyoucratie etc. On a par exemple une sortie en Balagne qui s’appelle « Entre Saints et Bandits »… C’est presque provocateur volontairement ! On essaie de remettre au clair les idées reçues et les clichés véhiculés depuis la fin du 19ème siècle de façon très romantique autour de la vendetta.

Vous travaillez avec des historiens

J’en suis. On demande à nos guides de solides bagages ou une qualification universitaire. A coté de ça, on est aussi encadré par des historiens ou des spécialistes de certaines disciplines. C’est une initiative aussi très bien perçue par tout ce qui est artisans sur place, parce qu’on a le temps de l’échange et que l’on amène un public dans les villages. Même si c’est forcement limité en nombre, pour les restaurants et les commerces aussi, c’est un plus réel.

 

David Casanova : l’intérêt c’est l’aspect humain de la démarche à travers ce rapport de convivialité qui est à la base de la formule. On propose au touriste de passer toute une journée avec quelqu’un du pays, qui l’accompagne, qui mange avec lui, il s’instaure une relation particulière, bénéfique à tout point de vue. Au visiteur bien sûr, qui approche notre région d’une façon privilégiée, mais aussi pour le guide qui joue le « premier rôle » en quelque sorte de la journée qui est présentée.

 

Olivier Bianconi : Lorsqu’on parle d’homme à homme, il y a beaucoup de choses qui ne seraient pas comprises ordinairement, qui passent davantage. Par exemple sur la sortie en Castagniccia, on parle de Paoli et on en arrive, lorsque les gens le souhaitent, au nationalisme contemporain. En essayant de prendre le recul nécessaire, de laisser de coté nos propres convictions, pour avoir un regard d’historien sur les choses. Les clients sortent toujours très surpris, enchantés même, et ils appréhendent beaucoup mieux les problématiques corses.

 

Comment s’est faites la rencontre entre vous deux ?

David Casanova : à travers l’exposition que j’ai faite ici, à « Memoria », où la vie et l’œuvre de Paoli sont contées. J’avais lu un article sur Olivier, et je l’ai appelé. Il m’a tout simplement proposé de faire la même chose que ce qu’il faisait en Balagne à partir de ma propre structure. Le concept me plaisait , d’ailleurs je l’appliquais déjà à titre privé. Lorsque j’avais des visiteurs un peu plus curieux, ça m’est arrivé de les conduire dans ma région, par passion, pour leur montrer le patrimoine et leur faire approcher l’histoire du Rustinu. J’ai donc été séduit par l’offre d’Olivier. Les gens qui viennent à nous ont vraiment envie d’autre chose. Pour nous, c’est très « physique » aussi car il faut une attention de tous les instants, répondre aux questions aux questions du matin jusqu’au soir, y compris à table !

 

Comment vous cibles le public ?

Olivier Bianconi : On a nos outils commerciaux, réalisés par Olivier Gomez qui est basé à Muratu, avec notre site internet et nos dépliants. Assez rapidement il a fallu entrer en contact avec des villages de vacances, des hôtels, des tours operator…En Balagne,, on a des partenaires importants, surle haut de gamme, avec « La Villa » par exemple qui est un très bon partenaire, comme sur le tourisme social avec la « Résidence des Isle » et François Canava sur l’antenne de Bastia, avec qui nous avons conclu un partenariat complet. Ce qui permet à sa clientèle de bénéficier d’un prix minime, et à notre structure de se mettre bien en place.

 

David Casanova : On veut diversifier aussi, en proposant une formule en 4x4, avec des thématiques plus environnementales sur la découverte des sites. Mon antenne couvre tout le nord-est : Cap Corse, Bastia ? Rustinu, Nebbiu, jusqu’à la plaine orientale. On propose aussi un audio-guide sur la bataille de Ponte Novu qui est très apprécié. En Balagne également, pour les visites des villes, il est proposé des audio-guides. Ce sont de nouveau produit que l’on va développer.

 

Vous brassez un public nombreux ? Combien « d’antennes » comptez-vous ?

Olivier Bianconi : Un public très nombreux, qui se chiffre en milliers de personnes. Pour la Balagne seule, nous avons touché deux à trois milles personnes l’an dernier. L’antenne couvre la région proprement dites jusqu’au centre, Corti et le Niolu et compte trois salariés. Nous avons aussi en projet d’ouvrir une antenne à Portivechju, et une autre dans la région ajaccienne. Il y a de grande potentialités pour ce concept. Avis aux amateurs : on est ouvert à toute propositions de nouvelles antennes !

 

L’avis d’un professionnel du tourisme social

François Canava est le premier directeur qui a relancé la Résidence des Isle (ancienne CNRO) à Tagliu Isulaccia. Il a été longtemps directeur du centre « La Balagna ». Partenaire de « Bianconi Scuperta », il nous livre son sentiment sur le concept.

 

« C’est une formule que j’avais imaginé lorsque j’étais directeur de « La Balagne » sous deux formules. Une première sortie s’appelait « Corse insolite » et faisait découvrir la Balagne à travers ses chemins, ses vins, ses saveurs… une autre s’appelait « Corse buissonnière » et s’approchait de ce que fait « Bianconi Scuperta ».

 

Lorsque j’ai quitté « La Balagne » en 2004, j’ai commencé à travailler sur la projet de Tagliu Isulaccia et à l’ouverture il y a deux ans, on m’avait reproposé ce concept, avec un minibus et d’ailleurs David venait y travailler avec nous.

J’ai été contacté par Olivier cet hiver. Connaissant son sérieux, on a décidé de travailler en partenariat. Le concept est génial ! Les retours sont positifs, les gens enthousiastes. Le seul problème est que l’on s’adresse à un public restreint. A Tagliu, on brasse 900 personnes et on a des sorties de 8 à 10 personnes par jours en moyenne, jusqu’à 15, si les gens viennent avec leur véhicule. Mais c’est aussi tout l’intérêt. Car ce ne sont pas des excursions. On emmène pas les gens visiter des sites touristiques, mais découvrir la Corse de l’intérieur et les gens qui y vivent. Ça ne peut pas se faire avec un car de 50 personnes. Il faut un public plus attentif et volontaire. Bref c’est un  « tourisme intelligent » où l’on sort des sentiers battus et c’est bien ce qui correspond aux attentes de ces visiteurs mais aussi à l’idée que nous nous faisons de la Corse et du tourisme en Corse ».

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